La joie en héritage

Le 28 février dernier nous étions dans la joie d’accueillir Monseigneur Dominique Blanchet, nouvel évêque de Créteil, et nous disions merci à Monseigneur Michel Santier pour les 13 ans qu’il vient de passer à la tête du diocèse. La devise de Monseigneur Blanchet est : « Mets ta joie dans le seigneur! », et celle de Monseigneur Santier : « Que ma joie soit en vous ». Avouez qu’en matière de joie nous sommes doublement comblés, surtout en ces temps moroses où la joie n’est pas évidente.
Saisissons surtout l’occasion pour comprendre ce qu’est la joie chrétienne, son origine et ses bienfaits dans notre vie de croyants.
La joie du chrétien vient de Jésus-Christ lui-même. De sa mort et sa résurrection qui sont la preuve que Dieu nous a aimés en lui depuis l’éternité, sans considération de nos mérites ou de nos fautes. La joie chrétienne vient donc d’en haut. Dans l’épître aux Galates, saint Paul en fait même « le fruit de l’Esprit-Saint » (Ga 5,22). On ne la recherche pas pour elle-même, on la reçoit comme une grâce à partager. Néanmoins, la joie chrétienne est aussi une joie qui s’apprend. C’est pourquoi dans les évangiles, Jésus ne cesse d’inviter les disciples à savoir se réjouir de la vraie joie. Aux douze envoyés en mission deux par deux et qui reviennent en claironnant que les démons leur sont soumis, Jésus rappelle que la seule joie qui compte c’est que leurs noms sont inscrits dans les cieux.
Jésus désigne cette même joie à ceux qui, comme les évêques, sont chargés de conduire la communauté chrétienne. Pour leur rappeler qu’ils doivent se préoccuper  des plus faibles et agir envers eux avec miséricorde, il raconte l’histoire du berger qui risque la vie de quatrevingt- dix-neuf brebis dans le désert et se réjouit d’avoir  retrouvé une seule brebis qui était égarée. La joie chrétienne, joie de Dieu et par conséquent joie donnée, n’en demeure donc pas moins une joie à recevoir et qui s’apprend. Au sortir du carême, nous la redécouvrons comme récompense de la part de Dieu pour quiconque fait l’aumône, la prière et le jeûne « dans le secret », c’est-à- dire en ne cherchant rien d’autre que de servir Dieu dans la simplicité et la vérité. Dans la vie interne d’une paroisse, la joie est le signe d’une communauté réconciliée et vivant du pardon, que l’Eglise et ses membres ont reçu du même Seigneur, grand en amour et riche en miséricorde. Pour finir, notons que pour ceux qui ne croient pas, la joie des chrétiens, notamment lorsqu’elle traverse les épreuves de la vie, est un  véritable témoignage. Elle témoigne alors de la grâce qui vient de la victoire de Jésus sur la mort et se lit sur le visage de ceux qui croient vraiment. C’est dans ce sens que saint Paul invite les chrétiens à « se réjouir dans le Seigneur » qui est l’unique source de la vraie joie. Aussi, réjouissons-nous et ne nous laissons pas voler notre joie. Le Pape François nous y a appelés dans l’exhortation apostolique « La joie de l’Evangile ». Nos deux évêques
nous orientent dans cette direction. Vers l’accueil de la joie qui demeure avant tout le cadeau du Ressuscité. Joyeuses fêtes de Pâques !

 

Benoît Hagenimana, Curé