Chers amis,
Comme de nombreux chrétiens en paroisses, monastères et communautés religieuses en France, en communion avec nos frères protestants et orthodoxes, nous allons consacrer le mois de septembre 2020 à célébrer la Création. C’est une démarche à la fois personnelle et communautaire de conversion dont nous trouvons les piliers dans l’encyclique Laudato Si’ du pape François.
Une conversion intérieure et spirituelle.
Il s’agit d’abor d’une expérience chrétienne qui mobilise toutes les dimensions de notre humanité, et nous invite à conjuguer gratuité, sobriété, humilité et solidarité. Un appel à un changement de regard dans notre relation au monde, aux autres, à soi et à Dieu.
Une autre vision du monde.
Abandonnant la vision technico-économique qui privilétie l’efficacité et la rentabilité, nous intégrerons petit à petit une autre manière de penser la vie, la société et la relation avec l’autre. A terme, nous pourrons offrir ce que nous sommes, et pas seulement ce que nous possédons.
En lien avec toute la création.
Il s’agit aussi d’une conversion écologique ! Celle-ci implique « la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres (§ 220 [1]).
Aller jusqu’à changer de style de vie.
L’heure est venue d’examiner nos vies afin d’agir dans le sens de cette conversion. Le Pape François nous a appelés à adopter, progressivement, un style de vie prophétique et contemplatif, qui passe aussi bien par des actions de la vie quotidienne que par des actions sociales et politiques, qui sont « une forme excellente de charité » (§ 231 [2]).
Pour vivre librement et joyeusement.
Choisir la Bonne Nouvelle de la Création convertit notre regard et nous aide à ajuster nos comportements. Si cela ouvre nos yeux sur tout ce qui nous manque ou ce que nous n’arrivons pas à maîtriser, ça n’est pas une raison de perdre notre joie de vivre. « Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant « (§ 217 [3]).
Bon mois de la Création.
Père Benoît, curé
[1] (§220) Cette conversion suppose diverses attitudes qui se conjuguent pour promouvoir une protection généreuse et pleine de tendresse. En premier lieu, elle implique gratitude et gratuité, c’est-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de l’amour du Père, ce qui a pour conséquence des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses même si personne ne les voit ou ne les reconnaît : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite […] et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 3-4). Cette conversion implique aussi la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle. Pour le croyant, le monde ne se contemple pas de l’extérieur mais de l’intérieur, en reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres. En outre, en faisant croître les capacités spécifiques que Dieu lui a données, la conversion écologique conduit le croyant à développer sa créativité et son enthousiasme, pour affronter les drames du monde en s’offrant à Dieu « comme un sacrifice vivant, saint et agréable » (Bm 12, 1). Il ne comprend pas sa supériorité comme motif de gloire personnelle ou de domination irresponsable, mais comme une capacité différente, lui imposant à son tour une grave responsabilité qui naît de sa foi.
[2] L’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, est aussi civil et politique, et il se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur. L’amour de la société et l’engagement pour le bien commun sont une forme excellente de charité qui, non seulement concerne les relations entre les individus mais aussi les « macro-relations: rapports sociaux, économiques, politiques». C’est pourquoi, l’Église a proposé au monde l’idéal d’une « civilisation de l’amour ». L’amour social est la clef d’un développement authentique : « Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l’amour dans la vie sociale — au niveau politique, économique, culturel —, en en faisant la norme constante et suprême de l’action ». Dans ce cadre, joint à l’importance des petits gestes quotidiens, l’amour social nous pousse à penser aux grandes stratégies à même d’arrêter efficacement la dégradation de l’environnement et d’encourager une culture de protection qui imprègne toute la société. Celui qui reconnaît l’appel de Dieu à agir de concert avec les autres dans ces dynamiques sociales doit se rappeler que cela fait partie de sa spiritualité, que c’est un exercice de la charité, et que, de cette façon, il mûrit et il se sanctifie.
[3] S’il est vrai que « les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure. Mais nous devons aussi reconnaître que certains chrétiens, engagés et qui prient, ont l’habitude de se moquer des préoccupations pour l’environnement, avec l’excuse du réalisme et du pragmatisme. D’autres sont passifs, ils ne se décident pas à changer leurs habitudes et ils deviennent incohérents. Ils ont donc besoin d’une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne.