AU FONDEMENT DE LA MISSION OUVRIERE


« L’amour des petits »

Une Église en Mission ouvrière, c’est une Église animée par « l’amour des petits », de ceux qui sont « en bas ».

Or cet amour nous le vivons d’une manière qui nous est propre comme un amour admiratif. Il met en valeur la dignité de ceux d’en bas et leur capacité d’agir de façon solidaire pour la justice, au lieu de s’apitoyer d’abord sur leur misère et de souligner ce qui leur manque.

« L’entre eux, par eux, pour eux »

Les fameux slogans jocistes de « l’entre eux, par eux, pour eux » ou de « l’évangélisation du semblable par le semblable » ont pour nous un sens fort. L’Évangile ne nous transplante pas dans un autre monde, mais nous apprend à aimer le monde dont nous venons.

Aujourd’hui, pour beaucoup, le monde des quartiers difficiles et des banlieues aux populations mélangées, ainsi que le monde des petites villes en déclin, à l’écart des grands centres urbains en expansion, sont caricaturés. Nous savons qu’ils rassemblent un peuple capable de fraternité et de solidarité, de joie de vivre et d’espérance.

« L’Esprit de Dieu nous devance »

Disciples du Christ nous sommes portés par le dynamisme de la Mission ouvrière. Nous reconnaissons que nous ne sommes pas les seuls à agir pour la justice. Même si nous ne partageons pas tous la même foi, nous nous engageons avec d’autres pour défendre la dignité et les droits de tout un peuple. Nous agissons, avec la certitude que, dans ces combats, l’Esprit saint nous devance.

« Révision ou relecture de vie »

Cette pratique désigne le chemin par lequel nous entrons dans la contemplation de l’action de l’Esprit saint au cœur de nos vies, dans les grandes comme dans les petites choses. Relire sa vie à la lumière de la Parole de Dieu, c’est le socle de l’histoire humaine et croyante des membres de la Mission ouvrière. Ces temps de relecture selon le traditionnel « VOIR / JUGER / AGIR » où se croisent vie des hommes et Parole de Dieu sont un chemin pour rencontrer le Christ, se mettre à sa suite et le servir.

La MISSOL (Mission Ouvrière locale-Villejuif)


Sa naissance remonte à des dizaines d’années.

Les anciens de l’ACO se souviennent d’un PO (Prêtre Ouvrier), des autres prêtres, des religieuses en Mission Ouvrière, des jeunes en équipe JOC, des enfants en clubs ACE.

Actuellement, toutes ces composantes ne sont plus présentes, mais la mission se poursuit avec des membres de l’ACO, des religieuses Auxiliatrices de la Charité et un prêtre.

En 2019, nous avons invité sur le quartier de Ste-Colombe à un Ciné-Missol : partage sur les laissés-pour-compte du travail  ou du social en raison de moyens numériques non maîtrisés et des réactions inhumaines de la part de nos administrations ; avec cependant des marques de solidarité entre eux.

Rodolphe TROLES

0623147621
rodolphe.troles@gmail.com

Josiane CLEMENT

0146868960
cleriv@wanadoo.fr

Message du pape François aux mouvements et organisations populaires

En ce dimanche de Pâques 2020

Aux frères et aux sœurs des mouvements et organisations populaires
Chers amis,
Je pense souvent à nos rencontres : deux au Vatican et une à Santa Cruz de la Sierra et je vous avoue que ce « souvenir » me fait du bien, me rapproche de vous, me fait repenser à tant de discussions partagées durant ces rencontres et aux nombreux projets qui en sont nés et y ont mûri, et dont beaucoup sont devenus réalité. Aujourd’hui, en pleine pandémie, je pense particulièrement à vous et je tiens à vous dire que je suis à vos côtés.
En ces jours de grande angoisse et de difficultés, nombreux sont ceux qui ont parlé de la pandémie dont nous souffrons en utilisant des métaphores guerrières. Si la lutte contre le COVID-19 est une guerre, alors vous êtes une véritable armée invisible qui combattez dans les tranchées les plus périlleuses. Une armée sans autres armes que la solidarité, l’espoir et le sens de la communauté qui renaissent en ces jours où personne ne peut s’en sortir seul. Vous êtes pour moi, comme je vous l’ai dit lors de nos rencontres, de véritables poètes sociaux qui, depuis les périphéries oubliées, apportez des solutions dignes aux problèmes les plus graves de ceux qui sont exclus.
Je sais que très souvent vous n’êtes pas reconnus comme il se doit, car dans ce système vous êtes véritablement invisibles. Les solutions prônées par le marché n’atteignent pas les périphéries, pas plus que la présence protectrice de l’État. Vous n’avez pas non plus les ressources nécessaires pour remplir sa fonction. Vous êtes considérés avec méfiance parce que vous dépassez la simple philanthropie à travers l’organisation communautaire, ou parce que vous revendiquez vos droits au lieu de vous résigner et d’attendre que tombent les
miettes de ceux qui détiennent le pouvoir économique. Vous éprouvez souvent de la colère et de l’impuissance face aux inégalités qui persistent, même lorsqu’il n’y a plus d’excuses pour maintenir les privilèges. Toutefois, vous ne vous renfermez pas dans la plainte : vous retroussez vos manches et vous continuez à travailler pour vos familles, pour vos quartiers, pour le biencommun. Votre attitude m’aide, m’interroge et m’apprend beaucoup.
Je pense aux personnes, surtout des femmes, qui multiplient le pain dans les cantines communautaires, en préparant avec deux oignons et un paquet de riz un délicieux ragoût pour des centaines d’enfants ; je pense aux malades, je pense aux personnes âgées. Les grands médias les ignorent. Pas plus qu’on ne parle des paysans ou des petits agriculteurs qui continuent à travailler pour produire de la nourriture sans détruire la nature, sans l’accaparer ni spéculer avec les besoins du peuple. Je veux que vous sachiez que notre Père céleste vous regarde, vous apprécie, vous reconnaît et vous soutient dans votre choix.
Comme il est difficile de rester chez soi pour ceux qui vivent dans un petit logement précaire ou qui sont directement sans toit. Comme cela est difficile pour les migrants, pour les personnes privées de liberté ou pour celles qui se soignent d’une addiction. Vous êtes là, physiquement présents auprès d’eux, pour rendre les choses plus faciles et moins douloureuses. Je vous félicite et je vous remercie de tout mon coeur. J’espère que les gouvernements comprendront que les paradigmes technocratiques (qu’ils soient étatistes ou fondés sur le marché) ne suffisent pas pour affronter cette crise, ni d’ailleurs les autres grands problèmes de l’humanité. Aujourd’hui plus que jamais, ce sont les personnes, les communautés, les peuples qui doivent être au centre de tout, unis pour soigner, pour sauvegarder, pour partager.
Je sais que vous avez été privés des bénéfices de la mondialisation. Vous ne jouissez pas de ces plaisirs superficiels qui anesthésient tant de consciences. Et pourtant, vous en subissez toujours les préjudices. Les maux qui affligent tout un chacun vous frappent doublement. Beaucoup d’entre vous vivent au jour le jour sans aucune garantie juridique pour vous protéger. Les vendeurs ambulants, les recycleurs, les forains, les petits paysans, les bâtisseurs, les couturiers, ceux qui accomplissent différents travaux de soins. Vous, les travailleurs informels, indépendants ou de l’économie populaire, n’avez pas de salaire fixe pour résister à ce moment… et les quarantaines vous deviennent insupportables. Sans doute est-il temps de penser à un salaire universel qui reconnaisse et rende leur dignité aux nobles tâches irremplaçables que vous effectuez, un salaire capable de garantir et de faire de ce slogan, si humain et chrétien, une réalité : pas de travailleur sans droits.
Je voudrais aussi vous inviter à penser à « l’après », car cette tourmente va s’achever et ses graves conséquences se font déjà sentir. Vous ne vivez pas dans l’improvisation, vous avez une culture, une méthodologie, mais surtout la sagesse pétrie du ressenti de la souffrance de l’autre comme la vôtre. Je veux que nous pensions au projet de développement humain intégral auquel nous aspirons, fondé sur le rôle central des peuples dans toute leur diversité et sur l’accès universel aux trois T que vous défendez : terre, toit et travail. J’espère que cette période de danger nous fera abandonner le pilotage automatique, secouera nos consciences endormies et permettra une conversion humaniste et écologique pour mettre fin à l’idolâtrie de l’argent et pour placer la dignité et la vie au centre de l’existence. Notre civilisation, si compétitive et individualiste, avec ses rythmes frénétiques de production et de consommation, ses luxesexcessifs et des profits démesurés pour quelques-uns, doit être
freinée, se repenser, se régénérer. Vous êtes des bâtisseurs indispensables à ce changement inéluctable. Je dirais même plus, vous avez une voix qualifiée pour témoigner que cela est possible. Vous connaissez bien les crises et les privations… que vous parvenez à transformer avec pudeur, dignité, engagement, effort et solidarité, en promesse de vie pour vos familles et vos communautés. Continuez à lutter et à prendre soin de chacun de vous comme des frères et soeurs. Je prie pour vous, je prie avec vous et je demande à Dieu, notre Père, de vous bénir, de vous combler de son amour et de vous protéger sur ce chemin, en vous donnant la force qui nous permet de rester debout et qui ne nous déçoit pas : l’espoir. Veuillez aussi prier pour moi, car j’en ai besoin.
Fraternellement,

Cité du Vatican, dimanche de Pâques, le 12 avril 2020