Au moment où les catholiques célèbrent l’événement qui est le fondement de leur foi et la source de leur espérance, le pays s’apprête à désigner son (sa) président (e). En publiant leur déclaration « L’espérance ne déçoit pas », les évêques français ont souhaité inviter les catholiques à prendre part aux débats et à la réflexion qui vont engager l’avenir du pays à l’occasion des élections présidentielles et législatives de 2022 : en encourageant les chrétiens à exercer pleinement leur responsabilités de citoyens et d’acteurs du bien commun. Devant le risque de fracturation de notre communauté nationale et la recrudescence des tensions internationales…nous ne pouvons pas nous laisser enfermer dans l’amertume où le découragement. Notre foi chrétienne nous pousse à reconnaitre les capacités de justice et de paix dans le cœur humain. Nous sommes donc constamment appelés non seulement à la vigilance éthique et sociale mais aussi à l’espérance.

A l’occasion d’une rencontre sur le thème « Vivre heureux en quartier populaires », la Mission ouvrière de Villejuif a invité des habitants de ces quartiers à venir partager ce qui les aide à y vivre et à espérer. En soulignant que ce qui est « le plus important, c’est la relation aux autres », les invités rejoignaient ce que disent les évêques : La vie en société passe par le choix de chacun de vivre en paix avec tous. S’il ne faut pas tout attendre des politiques, parce que la paix et la justice sociale dépendent pour une bonne part des initiatives (culturelles, économiques, sociales, éducatives, associatives…) de tous les citoyens, la réflexion d’un invité me confiant s’être senti « apaisé » au sortir de cette rencontre me donne à croire que la paix est aussi un don de Dieu. Le signe de la présence au milieu de nous de Celui qui a vaincu la mort et la haine, pour soutenir notre espérance d’un monde plus beau et plus fraternel. Bonne fête de Pâques à tous !

Rodolphe Trolès, Laïc en mission écclésiale

 

« Dieu a mis la main sur moi »

Nadia est née en France dans une famille musulmane pratiquante de 14 enfants, mais dès l’enfance, au contact de ses camarades de classe, toutes « blondes et catholiques », elle est attirée par le catholicisme auquel l’initie une famille belge très engagée chez qui elle passe ses vacances pendant des années. A 18 ans, elle quitte la maison, vit bientôt avec son compagnon, catholique, qu’elle épousera selon son voeu à l’église – par dérogation – en 1983. Ses trois enfants seront baptisés, mais elle-même ne le sera que quarante ans plus tard, en 2019. Elle rencontre dans les années 80 des prêtres qui marquent sa vie, dont le Père Benoît, curé de Ste Colombes (Chevilly Larue), avec qui elle s’engage avec fougue dans les activités sociales paroissiales, ne participant qu’épisodiquement à la vie liturgique de la paroisse.

Jusqu’à ce jour de 2017 où on lui découvre une maladie très grave, potentiellement invalidante et mortelle. Une force inconnue la pousse à entrer dans l’église de Ste Colombes, elle écoute la messe qu’on y célèbre. Trois jours plus tard, étant entrée à la chapelle du Bon Pasteur de Chevilly Larue, on lui propose de faire la lecture de l’Evangile du jour. Le texte lui parle si profondément qu’elle en vient à proposer un pacte à Dieu : « si je guéris sans traitements délabrants, je me fais baptiser ! ». Et Dieu accepte le pacte ; Nadia guérit miraculeusement, part en pèlerinage à Medjugorje, où elle reçoit comme un message personnel l’épisode de la brebis perdue et retrouvée. En 2019, le baptême et la confirmation la font entrer dans la communauté de l’Eglise. Une méditation longuement entretenue de Matthieu 25 la convainc de la nécessité d’agir autant que de prier. La rencontre d’un groupe évangélique très actif exauce ses vœux ; elle découvre son don : vêtir, étreindre, nourrir les plus déshérités d’entre les hommes, en y consacrant son temps, son argent, son énergie dans la lumière de la foi. Nadia nous dit : « Je vide mon corps, mon âme, mon esprit quand je suis à l’église avec Jésus qui me donne la force de le rencontrer dans la personne des SDF…

 

Christian Manuel

Des hommes et des femmes adultes, qui cherchent et Dieu et veulent le rencontrer en Jésus-Christ, ont frappé à la porte de notre église. Nous les avons accueillis et accompagnés en tant que catéchumènes, et lors de la vigile pascale ils vivront les rites de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation et eucharistie. Que vont-ils devenir après ces rites ?

La question nous est posée par notre évêque. Elle nous est adressée à tous et toutes, membres des communautés paroissiales de Villejuif, pour qu’avec ces nouveaux baptisés nous menions une vraie vie de disciples du Christ. En effet, le parcours du catéchuménat et la célébration des trois sacrements ne jouent que le rôle de portail d’entrée dans la vie chrétienne. La grâce du Christ y est certes donnée en plénitude, mais elle reste à déployer dans une vie soutenue par la foi et le témoignage fraternel.

C’est en vivant avec les autres chrétiens que les nouveaux baptisés découvrent ce que veut dire être disciple du Christ. Comme le recommande le rituel de l’initiation chrétienne des adultes[1], cette expérience communautaire leur permet d’entrer en relation plus étroite avec les autres fidèles et leur apporte une vision renouvelée de l’existence et un nouveau dynamisme. En les entourant d’attention et d’amitié, on veillera particulièrement à l’affermissement de leur vie chrétienne et à leur insertion pleine et joyeuse dans la communauté.

Le temps du carême, notamment par la célébration des scrutins des catéchumènes, nous pousse à redécouvrir que notre propre vie de baptisés est une recherche et un accueil ininterrompu de la grâce de Dieu. Quand viendra le temps pascal, soyons prêts à permettre aux nouveaux baptisés de trouver dans nos communautés les ressources spirituelles nécessaires à la suite de leur baptême. Cherchons-les non seulement dans la liturgie, mais aussi dans les partages fraternels où leur foi encore fragile trouvera un premier enracinement.

Benoît Hagenimana, Curé-doyen

[1] Voir le n° 238

Très très bonne année à toutes et à tous !

C’est le moment des vœux, alors que souhaiter ?

En ce début d’année, qui s’ouvre comme une page blanche à écrire, nous voudrions qu’elle soit faite de joies, de rencontres riches et belles, d’efforts et de victoires, d’échecs aussi pour mieux goûter les victoires, d’amitiés, de partages, d’attentions, et surtout d’amour, beaucoup d’amour. Une page blanche où tout est encore possible, où tout semble en attente, ouvert à l’avenir.

Mais les vœux ne sont pas que des souhaits que l’on rêverait d’écrire et qui ne dépendraient pas de nous. Un vœu c’est aussi une promesse, une volonté que l’on affirme. C’est un engagement que l’on prend. Alors, quel vœu faire aujourd’hui ? Tant de choses semblent nous échapper, tant de problèmes semblent nous tomber dessus. C’est vrai. Mais ce qui dépend de nous, c’est la façon de les vivre, c’est la façon de les habiter, de les recevoir.

Pour nous chrétiens, Jésus est un repère. Il est Dieu venu habiter parmi nous, homme parmi les hommes. Il est venu nous rejoindre jusqu’à toucher nos faiblesses et nos pauvretés. Et au début de sa mission, il s’est laissé baptiser par Jean dans le Jourdain, là où tous étaient en attente, en attente d’une vie plus vraie, plus juste, plus humaine. Jésus, par ce baptême, acceptait de prendre sur lui tout ce qui pesait sur notre humanité, toutes ces tuiles qui tombaient sur elle, de générations en générations. Et c’est là, au fond du trou, qu’Il a entendu cette voix venant du ciel et qui disait : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Entendre cela, ça change tout. Ça change la façon de vivre, puisqu’on se sait aimé, infiniment aimé. Alors, s’il y a un souhait à formuler pour cette nouvelle année, ce serait celui-là : que je reste attentif à cette voix, qui, quoiqu’il arrive, me dira aussi et encore : « Toi, tu es mon enfant bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Jacques Béchet, diacre